Prélude
Ce matin sur France info, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, C. Beaune, a dit : « il faut de la concurrence c’est bon pour le consommateur ».
Je sors les propos du contexte et j’assume, mon objectif est de montrer qu’une croyance ou un dogme partagé par nos dirigeants sur le fonctionnement de l’économie et du monde finira par nous causer des problèmes lorsque l’on commencera à se rapprocher de limites physiques (des externalités disent les économistes pour signifier que c’est pas leur faute, hein !).
L’action de notre gouvernement c’est par ici :
Et l’ARENH c’est par ici, avec un gros effort d’EDF pour une présentation consensuelle et positive :
https://www.edf.fr/entreprises/electricite-gaz/le-benefice-arenh
Et alors ?
Donc je suis un consommateur d’électricité. La libre concurrence entre fournisseurs me permet d’avoir le meilleur prix en théorie. Mais pour que cette concurrence soit vraiment libre (?), on force le fabricant et fournisseur historique à revendre à bas prix sa production à ses concurrents. Passque sinon c’est injuste comme il produit de l’électricité nucléaire à pas cher (grâce à nos sous qui ont été investis pour cela, d’ailleurs) il vendrait moins cher que ses concurrents autrement.
Nous sommes donc en présence d’un marché biaisé par construction, avec une concurrence non pas libre et favorisant celui qui a investi (il y a longtemps et avec nos sous à nous ou plutôt ceux de nos parents d’ailleurs, suite au premier choc pétrolier) mais ceux qui sont arrivés après et ne font qu’acheter sur le marché et revendre au détail.
Cela permet de rémunérer des spéculateurs sur un marché au lieu des producteurs physiques, c’est un choix. Guidé par le dogme qui dit que le marché c’est naturel donc c’est bien et ça s’auto-organise.
Conséquences
Et comme on va faire perdre de l’argent à EDF (ben oui, ils vendent du nucléaire à 0,04€/kWh et rachètent de l’ENr à cher 0,15 €/kWh – moi je ne signerais pas à leur place), cela ne va pas favoriser leur capacité à investir dans les années à venir. Heureusement que l’on n’aura pas besoin de plus en plus d’électricité pour remplacer les énergies fossiles ! Ou alors si jamais c’était le cas nous voilà engagés sur un chemin tortueux…
Bref, si on avait oublié de monter un marché compliqué et simplement continué à acheter notre électricité à EDF, acteur public régulé par notre gouvernement, peut-être qu’on aurait une électricité pas loin du prix de l’ARENH et peu variable parce que très décarbonée donc moins dépendante du prix du gaz et du charbon.
Encore un argument en faveur de l’intérêt de la décarbonation de nos activités.
Et pendant ce temps-là…
Pour conclure, voilà une situation qui nous montre qu’une vision dogmatique de notre monde et de l’économie va bien fonctionner tant que l’on aura des marges de manœuvre suffisamment larges pour que cela ne pose pas de problèmes.
Mais « quand la bise fut venue » et qu’on eut besoin que cela fonctionnât malgré l’adversité, cela devint plus compliqué. Faut-il alors faire le choix de persister et rendre le système encore plus compliqué (on s’y emploie) ou est-il temps de se pencher sur une approche un peu plus pragmatique ?
Un peu de culture et d’idéologie
Pour le dogmatisme, je renvoie au sophisme ci-dessus d’appel à la nature qui justifie le recours au marché. Celui-ci n’a jamais reposé et ne reposera jamais sur des études expérimentales avec approche scientifique, et avait été envisagé par ce bon vieux Alexis de Tocqueville (en 1830 tout de même) quand il nous expliquait que l’on passerait de l’artisanat cher et qualitatif à des produits moins bien et moins chers.
Présenté d’une autre manière, le marché livré à lui-même fait baisser les prix à tout prix, au détriment de la nature du produit ou de la sécurité d’approvisionnement, ou de la stabilité des prix, ou de tout autre élément puisque seul le prix compte. Et un prix ne se mange pas, n’abrite pas de la pluie, ne fait pas briller les lumières.
Complément d’information (ajout le 19/01/2022)
Un excellent complément d’information sur le sujet à lire par ici :